Extrait de mon mémoire « Effets du Zen Shiatsu sur la fibromyalgie »
Mémoire présenté en vue d’obtention du Certificat de Praticien en Shiatsu (FFST )
"La fibromyalgie est un syndrome complexe, mal vu et mal compris par l’entourage familial et professionnel ; maladie invisible, douloureuse et invalidante. Son diagnostic semble, parfois, être une facilité pour la médecine allopathique où aucun traitement adéquate n’existe.
Plusieurs questions m’interrogent : (…..) Le Zen-Shiatsu peut-il être envisagé comme une approche complémentaire à la prise en soin plus traditionnelle ? Le Shiatsu peut-il accompagner la personne à accepter le « toucher » ?
Au contact de mes receveurs, je peux émettre une hypothèse : chez les personnes atteintes de fibromyalgie, nous retrouvons la présence d’agents pathogènes comme l’Humidité (le corps corpulent et faible, l'aggravation des douleurs et des raideurs par le temps sombre et pluvieux - Terre), le Froid (Eau) et le Vent (Bois), donc on peut parler de syndrome BiJi (Bi -obstruction et Ji - muscles). « Lorsque les trois Qi du Vent, du Froid et de l’Humidité s’associent, ils donnent un Bi »[1]
Ces causes externes (Froid, Vent, Humidité) attaquent les muscles et provoquent une stagnation du KI et du Sang ce qui entraîne des douleurs.
Ainsi, je note la prédominance d’une dysharmonie au niveau de la Terre qui est plutôt en déficit (fatigue chronique, mauvaise digestion, ballonnements, diarrhées) et du Feu et du Bois en excès (irritabilité, anxiété, état de tension, dépression, frustrations, distension et/ou oppression de la poitrine, règles irrégulières, troubles du sommeil, symptômes divers avec un allure psychosomatique). La présence du Bois en excès est logique car on observe le fond émotionnel fragile chez ces personnes-là ; toutes les émotions se situent dans l’Estomac / la Rate et le Foie.
Lors de la première rencontre avec mes receveurs, ils se présentent avec cette affirmation : « Je suis fibromyalgique ». Dans cette phrase, simple en premier abord, j’entends à la fois la question : « Qui suis-je ? » et en même temps leur demande d’aide pour mieux comprendre leur propre identité. Derrière leur douleur, se cache une personne en recherche permanente de son identité et de sa place au sein de la société moderne.
À la suite d’événements dans leur vie, ces personnes sont aussi à la recherche de nourriture affective, d’acceptation… Les personnes atteintes de fibromyalgie semblent, au premier contact, très actives mais en même temps elles sont dans une sorte de passivité totale, dans l’attente d’aide venant de l’extérieur en oubliant leurs propres ressources intérieures. Un comportement d’ambivalence s’installe… Qui et qu’est-ce qui se cache derrière ces douleurs ?
« La lutte contre la douleur est une usure,
Consentir à la souffrance est une sorte de suicide lent.
Il n’y a qu’une douleur qu’il soit facile de supporter,
C’est la douleur des autres ».
René LERICHE, La chirurgie de la douleur, 1937
(…) Approches non médicamenteuses
Parmi les différentes approches non médicamenteuses figurent : électro stimulation nerveuse transcutanée (TENS), ultrasons, infrarouges, acupuncture, électro acupuncture, balnéothérapie, sophrologie, relaxation, art-thérapie/musicothérapie, prise en charge psychologique et /ou par le sociologue de la santé, Qi Gong, Shiatsu, sport et techniques de kinésithérapie.
Etant issu d’une filière paramédicale, il m’a semblé important de prendre des informations sur la pratique actuelle des professionnels de santé notamment les kinésithérapeutes.
La maladie est tellement complexe que la prise en soin de fibromyalgie se montre multidisciplinaire. Le kinésithérapeute se place comme un des intervenants principaux de cette thérapeutique. Je trouve que l’approche en kinésithérapie trouve ses limites dans l’accompagnement de ces personnes.
Les avis et ressentis des receveurs face à leur prise en charge kinésithérapique divergent.[2]
« J’attends de mon kinésithérapeute qu’il soit à l’écoute et qu’il ne me mette pas sur une machine et parte.»
«Je suis à la recherche d’une thérapie douce à base de massage doux et d’exercices doux ».
« Je ne vais plus chez mon kiné car c’est devenu une routine, pour moi et pour lui. Je préfère les séances d’ostéopathie »
«La prise en charge était toujours la même, sans diversité mais c’est remboursé par la sécu »
« La kiné est devenue pour moi une contrainte. »
« J’ai ne fait plus car aucun résultat et je n’ai pas trop le temps à perdre »
« Je continue aller voir mon kiné, on se connait depuis 25 ans... (…) massages doux ça soulage… (..) même s’il n’y a pas de soulagement durable... »
(…….) Aucun MK n’oriente les personnes fibromyalgiques vers le Shiatsu (peut être par méconnaissance). Quand je leur ai parlé de shiatsu, leur réponse est « pourquoi pas …il faut tester… » ; Ils semblent être assez ouverts aux approches moins conventionnelles cependant par méconnaissance des pratiques, ils n’orientent pas les patients vers ces types d’approches.
(…….)
Selon le concept de S.Masunaga, la Rate est la 2ième phase de la vie de l’amibe avec ses notions de besoins et de satisfactions.
Sur le plan émotionnel, c’est l’acceptation de l’amour et le soutien des autres mais également envers soi-même. Ces personnes ont tendance à privilégier le soin aux autres en s’oubliant elles-mêmes. C’est le cas de Me X qui s’occupe des autres mais n’a jamais le temps de s’occuper d’elle et de Me Y qui s’engage dans de nombreuses associations et groupes sociaux. Cette dernière avoue ne pas trouver suffisamment d’énergie dans sa vie privée mais elle la met à profit à l’extérieur. Pourquoi ce fonctionnement ? Les fibromyalgiques sont dans la recherche de valorisation, dans le contexte social, cette valorisation est plus facile par ses pairs car la représentation de leur identité propre ne se fait que par le regard de l’autre.
La Rate digère les aliments mais également chaque aspect de la vie. Ont-ils accepté tous ces événements de leur vie passée et actuelle ? Sont-ils prêts à recevoir l’amour et le soutien des autres mais également d’eux-mêmes ? Me X, victime d’une agression sexuelle, a-t-elle accepté sa propre féminité ? Me Y, a-t-elle fait le deuil de son métier et accepté les changements dans sa vie professionnelle ? Mr Z, va-t-il accepté ses conflits avec sa famille ? Acceptent-ils le toucher ? Et les personnes qui les accompagnent dans leur cheminement ?(....)
« …Chacun est malade à sa manière, de cela le sage doit toujours tenir compte… »
Nei Jing Su Wen
Déroulement d’une séance
(…)
La séance commence par un accueil, une écoute bienveillante et un échange dans une atmosphère calme et paisible.
La confiance s’installe tout doucement…
Par la suite, je propose quelques exercices de respiration et des étirements en fonction des possibilités de mes receveurs. J’observe… Le travail commence !
Je l’installe soit sur le futon, soit sur la table de massage ou la chaise de massage (à noter : j’ai utilisé la table pour une seule personne et que pour la première séance, pour la seconde elle a souhaité utiliser le futon). J’utilise les coussins de positionnement (sous les genoux, sous la nuque, sous le ventre, sous les chevilles, en fonction de leurs besoins), la couverture chauffante (à leur demande car la chaleur apporte un réel soulagement et une sensation du cocooning), les couvertures, et également la lampe DTP Wei-Ki ou la boite à moxa (sur la partie lombaire pour tonifier le Yin). Il peut y avoir une lumière tamisée.
Je l’invite à se détendre, je rectifie l’alignement du corps (placement dans l’axe), puis je prends contact avec les deux R1, j’effectue quelques étirements très doux des membres inférieurs et des membres supérieurs (c’est comme dire « Bonjour »).
Puis je me pose à coté et je me connecte avec mon propre Hara. C’est le Moment pour trouver l’Instant Présent…Cet instant qui nous déconnecte du bruit du mental, qui apaise nos émotions et par résonance fait vibrer notre corps dans une fréquence de douceur et d’harmonie…
Par la suite j’effectue le bilan du Hara…qui donnera des indications sur les besoins du receveur… les méridiens en Kyo et en Jitsu…J’ai utilisé beaucoup de visualisation car accéder aux tsubos reste difficile à la vue de leurs fortes douleurs et de l’intense sensibilité.
En fin de séance je pose ma main sur l’épaule du receveur pour lui indiquer que la séance est terminée, je le remercie et je l’invite à ne pas bouger tout de suite (j’ai remarqué que les personnes ont tendance à se lever très rapidement, surtout lors des premières séances). Apres ils prendront la position qui leur convient le mieux (majorité en position allongée), suivi d’un temps d’échange et de verbalisation si c’est possible.
A la fin, je propose des étirements et des exercices de respiration (je les montre), ou initiation à la méditation (explication avec texte fourni) suivis de conseils d’hygiène de vie : activités physiques adaptées, rythme de vie, alimentation.
Extrait de mon mémoire « Effets du Zen Shiatsu sur la fibromyalgie »
Mémoire présenté en vue d’obtention du Certificat de Praticien en Shiatsu (FFST )
[1] Le Su Wen, chapitre 43 (chapitre Bi)
[2] Retour de mes receveurs
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